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Reportage de voyage

Marc Alaux ou la passion de la Mongolie

Il a arpenté la Mongolie dans tous les sens, parcourant à pied plus de 6 000 kilomètres. Interview.

Né en 1976 à Saint-Mandé, Marc Alaux a été archéologue avant d'emprunter la voie de l'édition. Membre du conseil d'administration de l'association Anda, dont l'objectif est d'informer sur la culture mongole, il assiste entre chacun de ses voyages aux symposiums d'anthropologie et aux autres événements en rapport avec la Mongolie.


oopartir.com : Vous retournez souvent en Mongolie ?

Marc Alaux : C'était la cinquième fois cet été. J'y ai effectué deux séjours de six mois et trois séjours de trois mois, seul, avec un ami d'enfance ou avec mon épouse.

Pourquoi la Mongolie ?

M.A : C'est une conjonction de hasards. Au début de ma vie d'adulte j'ai multiplié les randonnées dans le massif central. A la frontière des Cévennes, le Causse Méjean, le plus montagnard de  l'hexagone, est le seul écosystème de steppe en France.

C'est là qu'a été réintroduit le petit cheval de Prjevalski, qu'on trouve peut-être sur les parois des grottes de Lascaux. Un cheval qui a survécu en Asie centrale jusqu'au début du XXème siècle. C'est donc en France que j'ai développé un amour pour ce type de paysages.


J'ai eu ensuite la chance de rencontrer quelques «mongolisants», certains d'entre-eux ethnologues, qui m'ont recommandé de lire certains livres dont celui de Jacqueline Thevenet («La Mongolie»). Pendant deux ans j'ai alterné lectures et participations à des conférences sur ce pays. Je me suis préparé culturellement. Les idées reçues sont tombées à peine arrivé à Oulan-Bator...


Pourquoi le voyage à pied ?

M.A : La marche n'est pas pour moi une fin en soi mais plutôt un moyen de progression lent. Un mode de locomotion peu adapté d'ailleurs à la taille d'un pays grand comme trois fois la France, pour une population de trois millions d'habitants. Il vaut mieux s'y balader à cheval ou à vélo. Mais la marche m'est plus familière. Au fil des mois, je me suis rapproché des éleveurs et j'ai fini par acheter des chevaux de bât que j'ai gardé quelques mois. Mais je suis toujours resté piéton car la marche permet de s'asseoir  à côté d'une personne qu'on rencontre, de se pencher sur un buisson, de prendre le temps de respirer. A vélo on est tout de suite tenté de rallier le village le plus proche.

Vous vous inscrivez dans une logique de mouvement ou de sédentarité?

M.A : L'alternance est intéressante. Mais mes séjours sédentaires les plus longs n'ont pas excédé un mois.


Comment organisez-vous votre voyage ?

M.A : J'apprécie de partir sans sponsor, sans avoir de blog à alimenter et d'articles à fournir, en étant totalement libre, sans objectif particulier. Et il en va de même pour mon itinéraire topographique : je définis grossièrement les régions à traverser, puis je modifie le parcours au gré des contraintes géographiques, des suggestions des personnes rencontrées, tel un éleveur me recommandant de passer voir son cousin qui se marrie la semaine suivante...

A chaque voyage vous avez emprunté un itinéraire différent...

MA : Le but de chaque voyage est avant tout géographique, car cela permet d'appréhender des types de populations différentes. Mon premier voyage, en 2001, m'a mené dans les grandes steppes et le désert de Gobi. On y rencontre la principale ethnie du pays, les Khalkhas, représentant près de 80% de la population. A l'inverse le deuxième voyage, de six mois également, m'a permis de découvrir les zones montagneuses et périphériques du pays, à la rencontre de la mosaïque de petites ethnies qui peuplent la frontière nord-ouest du pays. Les trois autres voyages étaient à chaque fois ancrés dans la découverte géographique d'un massif bien particulier.


Quelle saison privilégiez-vous pour vos voyages ?

MA : L'hiver est très continental, froid et sec, mais la saison est aussi prévisible et les éleveurs savent à quoi s'attendre. A l'inverse le printemps est chaotique, avec des amplitudes thermiques journalières extrêmes. L'automne, lente descente vers l'hiver, n'est peut-être pas la saison la plus agréable en terme de températures mais c'est la plus stable et la plus adaptée pour le voyageur, sans les pluies estivales, avec une nature de toute beauté, entre les steppes vertes et la taïga en train de rougir dans le nord du pays. Les Mongols appellent d'ailleurs cette saison «l'automne doré».

La vision de la Mongolie avec ses nomades et ses yourtes est-elle toujours exacte ?

MA : Oui et non. Oui car la Mongolie est probablement le dernier laboratoire du nomadisme en Asie centrale. Non car on aurait tort de penser que la steppe est intemporelle et le mode de vie nomade resté épargné par le temps. D'où la fréquente déception du voyageur lorsqu'il arrive dans la capitale Oulan-Bator, seule ville internationale du pays. Sa surprise aussi quand il aperçoit dans la steppe une parabole à côté d'une yourte, où lorsqu'il apprend que le fils d'un éleveur de chèvres poursuit ses études en Suède. C'est aussi cette modernisation qui a permis au nomadisme de perdurer.


La dureté de la vie dans la steppe explique peut-être un exode rural ?

M.A : La vie a été dure aux débuts des années 2000 avec un cycle économique et des conditions climatiques difficiles. C'est vrai, le mirage de la ville attire notamment les jeunes, souvent une population féminine souhaitant poursuivre des études et qui recherche davantage de confort et de liberté dans une société aux fondements encore très traditionnels.

Où en est le développement touristique en Mongolie ?

M.A : Le tourisme représente l'un des trois piliers de l'économie mongole avec le secteur agricole et les ressources minières : le sous-sol est excessivement riche, avec des réserves de pétrole, de cuivre, d'or et d'uranium. Une élite va s'enrichir mais le fruit de cette exploitation ne profitera pas au plus grand nombre avant une ou deux générations.

Le tourisme a littéralement explosé à Oulan-Bator où l'on trouve hôtels et guest-houses  à chaque coin de rue. A l'arrivée en Mongolie, la découverte de cette ville intéressante, à défaut d'être belle, permet de casser les idées reçues, de prendre le pouls sur la façon de vivre des Mongols, plutôt lente.

Quelle visite peut-on recommander pour un premier voyage ?

M.A : Pour une première découverte, les voyagistes concentrent leurs circuits sur le massif Arkhangaï.  A l'est de celui-ci se trouvent les grandes steppes, sur les pentes nord des collines les premières steppes arborées, et à l'intérieur du massif un relief marqué pouvant atteindre les 3 000 mètres. Cette région est très facile d'accès, en quelques heures de voiture de la capitale, offrant une grande diversité de paysages avec des lacs d'altitude, des forêts, des ermitages et bien sûr l'ancienne ville impériale de Karakorum créée par l'un des descendants de Gengis Khan.

 
Conseillez-vous d'organiser soi-même son voyage ou de passer par un voyagiste ?

M.A : On peut bien sûr organiser soi-même son voyage. Il faut tout de même tenir compte de la réalité et de la taille d'un pays grand comme l'Europe de l'Ouest, où les infrastructures routières sont rares voire inexistantes, où la plupart des déplacements se font sur des pistes, et savoir se contenter d'un déplacement, d'une visite ou d'une rencontre par jour. Je précise aussi que la population est très accueillante. Sa grande ouverture d'esprit est liée probablement à la vie de nomade. Et la règle d'entraide s'impose en raison des conditions de vie difficiles dans la steppe.


© oopartir.com 2009 - Propos recueillis par Vincent de Monicault


«Sous les yourtes de Mongolie»

Marc Alaux a sorti un livre riche et passionnant sur la Mongolie, «Sous les yourtes de Mongolie, Avec les Fils de la steppe», publié aux éditions Transboréal. Le texte est illustré de 120 photos couleurs et enrichi de réflexions qu'il mène depuis une dizaine d'années sur la culture mongole et l'avenir du nomadisme, la place de la femme et de la religion (bouddhisme et chamanisme) dans la société mongole, mais aussi l'utilisation de la yourte et du cheval, la figure de Gengis Khan, le nationalisme, le voisinage de la Chine... À la fois récit d'aventure et essai d'ethnographie, ce livre dresse un portrait documenté et précis des descendants de Gengis Khan. Des extraits et des photos sont visibles sur www.transboreal.fr.

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