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Reportage de voyage

Kirghizstan, le grand tour d’Issyk-Koul

Au cœur de l’Asie centrale, le Kirghizstan est un pays de nomades, de traditions authentiques, de paysages immenses, de lieux sauvages où l’homme n’a jamais marché… Un pays de lacs de montagne, de plaines de haute altitude, d’innombrables rivières. Une terre où l’hospitalité n’est pas un vain mot

Jour 1 - BISHKEK

Bishkek fut baptisée «la ville-jardin» par Ella Maillart. La capitale du Kirguizstan apparait plutôt comme la cité des roses.

La «Las Vegas d'Asie centrale» est aussi une ville de contrastes, où de nombreux casinos, bars de karaoké, night clubs et boutiques chics cohabitent avec les témoignages urbains de l'époque soviétique, tant au niveau de l'architecture que dans l'organisation sociale et politique du pays.

Bichkek est d'ailleurs la seule ville d'Asie centrale où l'on trouve encore un monument dédié à Lénine... sur une place secondaire faut-il toutefois préciser.

De plus quatre-vingt ethnies se rencontrent ici ; les beaux yeux en amande d’un vieux Ouïghour en fameux chapeau haut-de-forme en feutre blanc côtoient la jeune fille en minijupe tout droit sortie d'un clip de MTV !

Jour 2 : CHOLPON ATA (LAC ISSYK-KOUL)

Le matin nous mettons le cap sur la région de Cholpon Ata, le Saint Trop kirghize, située sur la rive nord du lac Issyk-Koul avec de nombreux centres thermaux.  Sur la route nous passons par le site archéologique de Balasagoun ; cette ancienne capitale kharakhanide fondée au Xème s. fait l'objet d'une excursion au départ de Bishkek.

Aujourd'hui cette ancienne étape de la Route de la Soie n'est plus qu'un village parsemé de ruines ; on y trouve la Tour de Burana avec un champ de pétroglyphes, et des balbals, tertres funéraires des régents.

Issyk-Koul, ou la «mer chaude» est un immense lac d'une superficie de 6 200km², entouré de chaînes montageuses dont les cimes enneigées dépassent les 4 000m. En effet, malgré son altitude élevée - 1 600m au-dessus du niveau de la mer - le lac ne gèle jamais. Ceci s'explique en partie par sa profondeur très importante et sa légère salinité.

Issyk-Koul symbolise l'orgueil du Kirguizstan, car il est le deuxième plus grand lac de montagne du monde  après le lac Titicaca au Pérou.

Jour 3 : CHOLPON ATA – KARAKOL

Notre route nous mène jusqu'à Karakol, situé toujours dans la région du lac Issyk-Koul. C'est une agglomération d'importance car elle fait frontière avec le Kazakhstan d'une part, et la Chine d'autre part.

On y trouve en nombre des vendeurs de poissons séchés et fumés, de miel, de cerises...

Karakol, la grande ville de l'est du Kirghizstan, a des allures de petite cité russe paisible, avec ses maisons de poupées aux volets bleu clairs et ses bouleaux. Ce n'est pas un hasard : la ville a été créée par les colons russes à la fin du XIXème siècle.

La population locale est très variée – Kirguizes, Ouïghours, Kazakhs, Tatars, Ouzbeks, Russes, Chinois, Doungans – et tous y cohabitent en paix.

La cuisine de la région est diverse aussi; à midi mon choix est tombé sur une petite tchaïkhana ouïghoure, réputée dans la région pour ses fameux mantys, de gros raviolis fourrés à la viande et à la ciboule de Chine cuits à vapeur ou frits.

Aujourd'hui nous avons longuement discuté avec Bolot. Ce grand rêveur, amoureux de son pays et de ses origines, a mené son humble existence d'anachorète pendant plusieurs années, nourissant ses jours de méditations et de prière. Il est parvenu à se guérir d'un cancer biliaire...

Aujourd'hui il pratique le tengrisme, une ancienne croyance d'origine turque, où le sens de la vie était considéré comme vivant et harmonieux avec le monde environnant.

Jour 4 : KARAKOL – KOCHKOR

Ce matin nous avons visité quelques curiosités de Karakol : entièrement construits en bois, l'église orthodoxe de la Sainte-Trinité et la mosquée-pagode, construite sans un seul clou par de riches représentants de la communauté doungane fortement présentent dans la région.

Les doungans, ou les musulmans chinois, sont aux yeux obliques, paumettes plus saillantes et nez plus longs que les Kirguizes ; la Chine est de l'autre côté de la chaîne montagneuse.

La communauté doungane de l'époque a fait appel à un architecte et à des artisans pékinois, ce qui explique la ressemblance avec les temples bouddhistes. On raconte que le malheureux architecte a été exécuté à son retour au pays, accusé d'avoir divulgué les secrets de l'architecture traditionnelle aux barbares étrangers...


Karakol fut longtemps connue grâce à l'explorateur russe Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalskiï, le premier à cartographier les régions allant de la Mongolie au Tibet jusqu'au Kirguizstan.

Il a laissé son nom aux chevaux sauvages. Sans doute la douceur et la beauté de ces lieux ont-elles incité Prjevalskiï à demander au tsar de s'y faire enterrer.

Karakol est très réputé pour ses foires aux bêtes, le dimanche matin (effectivement j'ai eu de la chance!), où se marchandent les chevaux, vaches, chèvres, moutons, etc...

Karakol est un camp de base idéal pour partir en randonnée dans les montagnes alentours. Les rochers rouges d’une manière fantastique mis par la nature du grès, sont appelés « Jety-Oghuz », ou « 7 bœufs ».

Le même rocher rouge, brisé en deux rappelle le « Cœur Brisé ». Chez le peuple kirguize il y a beaucoup de légendes sur ces curiosités de la région.

Un aksakal, vieux et sage, coiffé de son chapeau de feutre m’a raconté l’origine de ce paysage... Jaralangan Jurik, ou le « Cœur Brisé » est une montagne en forme de cœur fendu. Là aussi il fallait une légende à ce site.

Une jolie rando dans la vallée de Jety-Oghuz vous mène à 2 500m.

On y trouve de beaux paysages avec des montagnes, pâturages d’altitude ponctués de yourtes de bergers, de petits lacs, rivières et fôrets. On se croirait en Suisse ! Partout des troupeaux de vaches et de chevaux se gavent d’herbe grasse au milieu des alpages.

Un grand sanatorium au pied des sept escarpements a accueilli le cosmonaute Yuriï Gagarine ou encore l'ancien président russe Boris Eltsine.

J 5 : KOCHKOR – LAC SONG-KOUL

Le petit village de Kochkor est un bel exemple du mode de vie traditionnel des Kirguizes. Ceux-ci restent au village durant l’hiver, et montent dans les alpages pendant l’été pour y faire paître leurs troupeaux de chèvres, moutons, et chevaux.

C’est à cette époque de l’année qu’ils logent sous les yourtes. La journée débute par la visite de la maison de Fatima, une jeune femme gérant la coopérative s’occupant de la fabrication des fameux tapis kirguizes « chyrdak » et « ala-kiyiz ».

Fatima m’a fait visiter sa maison-atelier où j’ai vu sa confection de tapis, bandes brodées, bonnets, chaussons de feutre...

Sur la route vers le campement de yourtes sur la berge du lac Song-Koul (où nous passons la nuit) j’observe des immensités grandioses de djaïloo, les plaines de haute altitude, où pointent, tels de gros champignons, les yourtes des nomades Kirguizes.

Après la chute de l’URSS, les Kirguizes ont repris l’habitude de la transhumance estivale (interdite à l'époque soviétique). Les habitants ont renoué avec leurs coutumes ancestrales, joutes à cheval, chasse au faucon et à l’aigle, etc...

En chemin nous sommes invités sous une yourte, à partager le koumis, lait de jument fermenté.. L’hospitalité des peuples nomades n’est pas une légende. « On ne ferme jamais la porte d’une yourte à un cavalier qui passe », affirme le dicton local.

Song-Koul est le deuxième lac du Kirguizstan par sa grandeur, perché à plus de 3 000m d’altitude. En hiver le lac est couvert d’une grosse couche de glace (1,5m !). En été tout est vert avec des collines ondulantes où galopent les troupeaux de chevaux.

C’est à Song-Koul que je monte à cheval pour faire la promenade jusqu’aux peintures pariétales. Les ciels sont splendides, les nuages défilent toute la journée, et on voit une incroyable quantité d’étoiles la nuit. Des sommets enneigés tout autour de moi, le lac n’a pas d’exutoire.

J 6 : LAC SONG-KOUL – BISHKEK

Le réveil est fixé à 5 heures du matin, afin d'aller observer le lever du jour sur le lac Song-Koul, le bleu turquoise, le cadre baigné les premiers rayons du soleil... Le lac impressionne avec son bleu profond et en arrière-plan la chaîne de montagnes enneigées.

En contemplant le lac Song-Koul sous les rayons du soleil, il m’a semblé être arrivée là où tout a commencé, où l'homme est né. Un lieu où le temps s'est arrêté, où l'on se sent petit face à l'immensité du paysage.

Le Kirghistan est aussi le pays où l'homme fusionne avec le cheval, comme en Mongolie. "Qui n'a pas de cheval n'a pas de pied", dit un proverbe kirguize.

La route pour Bishkek passe par le col de Teskeï-Torpok (3 130m) et ses « 32 perroquets » (lacet en langage local).

On y admire des paysages impressionnants, la diversité de la flore : genévriers, érables, fôrets de noix et de bouleaux, pins de Semenov, peupliers, sobriers du Tian-Shan. Des champs de pissenlit, d’oignon alpestre, d’asters de Semenov, de tulipes, de pavots, de primevères, d’edelweiss ( !)

Jour 7 : BISHKEK – TASHKENT

!!
Dernier jour à Bishkek. Allez vous promener dans le célèbre bazar d’Osh, le marché le plus populaire du pays. Le meilleur endroit  pour s’imprégner de l’ambiance locale, entre le bruit, les odeurs, les couleurs, entre fruits et légumes, épices, viandes, jouets, vêtements, chaussures, produits d’entretien...  Une atmosphère unique qu'on regrette déjà à peine après avoir décollé de l'aéroport de Bishkek...

© oopartir.com – 2012 – texte et photos Julia (Gulnara) Yusupova. Ce reportage a été réalisé avec l’aimable participation de Silk Road Destinations (www.silkroaddestinations.com)

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