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Rencontre avec...

Yves Parlier : "Il faut rompre avec son quotidien"

Yves Parlier, navigateur d'exception discret et attachant, s'est lancé dans un nouveau projet innovant, Beyond the Sea.

Route du Rhum, Solitaire du Figaro, Transat anglaise, Vendée Globe, Yves Parlier détient un palmarès exceptionnel. Ce navigateur surdoué, surnommé l'extraterrestre, s'est lancé ensuite dans un nouveau projet ambitieux avec l'hydraplaneur Médiatis Région Aquitaine. Le voilà aujourd'hui impliqué dans une nouvelle démarche innovante : Beyond the Sea associe coques à redan (pour optimiser les rendements), kite ou cerf-volant (pour assurer la traction éolienne) et panneaux solaires photovoltaïques (pour produire de l'énergie restituée dans un moteur électrique). Rencontre avec un personnage discret et attachant.



Vous avez grandi à Versailles. Les Bretons ont ironisé en vous voyant prendre le départ de votre première course, une Mini-Transat (solitaire transatlantique) que vous avez d'ailleurs gagné… Comment est née votre passion pour la mer?

Yves Parlier: En région parisienne, on rêve davantage des grands espaces de liberté comme la mer ou la montagne, que de tours d'immeubles. La voile me paraissait merveilleuse. On est alors projeté vers les étoiles. La terre devient une notion globale.

Y a-t-il eu un déclic?

Y.P: A 11 ans, mon père m'a offert un livre, l’histoire de deux jeunes gens qui sont partis pour un tour du monde sur le Damien, un bateau de dix mètres. Je n'avais jamais lu d'autres livres auparavant. Ce fut une vraie révélation, le début d'une vocation. Je me suis plongé dans leur aventure. Ils sont partis à la découverte du Grand Nord, du Spitzberg au Groenland. Ils ont remonté l'Amazone au delà de Manaus. Puis ils sont descendus vers le Pôle Sud.

Beyond the Sea, innovation "durable"
Photo © Lilian Marolleau

Etes-vous tiraillé entre la nécessaire médiatisation et une envie de solitude?

Y.P: Je suis ravi de la médiatisation croissante de la voile. Cela nous permet de vivre de notre passion. Tout seul, on ne fait pas grand chose aujourd'hui. Cela fait partie du boulot de monter une équipe et de mener à bien un projet. Si j'aime beaucoup la solitude, ce n'est pas pour moi la première motivation. Je préfère largement un travail en équipe. On ne se rend pas toujours compte, à l'extérieur, de la lourdeur qu'implique la compétition, en terme d'organisation et de montage de projet. On se prépare pendant de longues années. Or, le public ne voit généralement que la partie voyage et course.

Quelle a été votre motivation pour écrire "Robinson des mers"?

Y.P: Avec ce que j'ai vécu, je me suis dit que cela pourrait donner envie à des jeunes de partir à l'aventure, comme ce fut le cas pour moi quand j'avais 12 ans. Plusieurs personnes m'avaient poussé auparavant à écrire sur mes précédents tours du monde. Sans résultat jusque là.
Dans ce livre, j'explique toute la démarche qui m'a amené à faire ce tour du monde. On y trouve des flash-backs sur des périodes importantes de ma vie, afin que les gens comprennent comment j'en suis arrivé là, qu'ils se disent qu'on peut faire beaucoup avec de la volonté.

Vous avez dit au retour du Vendée Globe que a priori, vous ne participerez plus à une course aussi dure et longue. Vous êtes ensuite revenu quelque peu sur vos propos et avez annoncé que vous renonciez au prochain Vendée Globe. Avez-vous encore évolué depuis cette déclaration?

Y.P: Je ne vais pas vous répondre. Les journalistes vous mettent ensuite face à vos déclarations, et il faut les assumer. Pour un tel projet, de nombreux paramètres interviennent. Il faut trouver une équipe motivée et un sponsor. Pour moi, le Vendée Globe c'est l'Everest de la voile, la course la plus difficile.

l'Hydraplaneur

Vous avez obtenu votre brevet de pilote de deltaplane. Jusqu'à votre accident, vous pratiquiez aussi le parapente…

Y.P: Aujourd'hui je n'ai plus envie de prendre le risque de revoler. En fait, les séquelles de mon accident de parapente m'empêchent de pratiquer de nombreuses activités, comme l'escalade par exemple.

A bord d'Aquitaine Innovation, on pouvait y voir les logos de la sonde Pioneer, parti en 1972 avec des messages à l'adresse d'autres civilisations extraterrestres? La conquête spatiale vous fait-elle rêver?

Y.P: La conquête spatiale sera un enjeu à la fois économique et spirituel. Nous sommes six milliards aujourd'hui. On sera plus nombreux encore demain. Il serait préférable de se réunir autour de grands projets communs plutôt que de s'entretuer. L'univers qui nous entoure est tellement captivant.

Que pensez-vous des formes modernes du tourisme?

Y.P: Je vais être sévère. Cette forme de voyage dénature les notions d'espace et de temps. Ensuite, on remplit son emploi du temps avec des activités familières. Ce qui manque, c'est une vraie rupture avec son quotidien.

© oopartir 2008 - Propos recueillis par Vincent de Monicault


En savoir plus
Vous pouvez consulter aussi le site www.parlier.org

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