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Alice et Andoni : «Notre tour du monde en vélo»

Un jeune couple belgo-basque, Alice et Andoni, ont enfourché leurs bicyclettes et tout quitté. Ils ont pédalé sept ans, parcouru cinq continents et découvert une cinquantaine de pays. Leurs enfants ont vu le jour pendant ce voyage.

Japon, Matsumoto

Elle est anthropologue, il est ingénieur industriel. Ils ont quitté la Belgique le 6 juin 2004, ont pédalé à travers l'Europe, le grand Turkestan, la cordillère de l'Himalaya, la péninsule indienne, le Sud-est Asiatique, la Chine, pour finalement atteindre Tokyo en août 2006, d'où ils décideront de prolonger leur périple en Amérique du Nord.

oopartir.com : Comment a germé ce projet ?

Alice Goffart et Andoni Rodelgo : Nous étions toujours frustrés par les durées trop courtes de nos précédents voyages. On n'arrivait jamais à se déconnecter complètement. D'où le choix d'un voyage sans date de retour. Nous ne voulions rien qui nous rattache à nos pays, un emploi ou autre chose.
Notre rêve au départ était d'atteindre le Japon. Mais nous n'avions pratiquement rien planifiés et quasi-rien préparés, ce qui nous a valu bien des surprises, positives comme négatives. Ainsi, l'hiver très rude en Turquie, avec des températures de - 20°, ne faisait pas vraiment partie de notre programme !

Dans l'état de Washington, USA

Comment prépare-t-on un voyage aussi long ?

AG et AR : On était assez naïf au départ. On avait bien sûr rêvé le voyage pendant deux ans. Nous nous étions renseigné sur le matériel. Mais notre voyage était planifié jusqu'en Allemagne, pas au-delà. On a toujours essayé de prendre des petites routes. Il nous fallait pour ça des atlas routiers les plus précis possibles.

On a acheté aussi quelques guides avant de partir mais sans y trouver vraiment l'information qu'on cherchait. Internet en revanche nous a beaucoup aidé, aussi bien pour s'informer sur les visas que pour se renseigner sur les pièces de rechange des vélos, sur l'existence de magasins et des lieux où trouver de l'eau, une démarche nécessaire dans certains endroits comme le Tibet. A l'exception de l'Europe, on a trouvé des cyber-cafés absolument partout.

Pourquoi le choix du vélo ?

AG et AR : Notre pratique du vélo était celle de cyclistes très occasionnels. Ce mode de locomotion est pourtant devenu rapidement central dans la réussite de notre voyage. Il nous a permis de multiplier les rencontres, de rentrer dans le coeur des pays, d'y traverser les villages. Il nous offrait cette liberté d'aller là où on voulait. On a d'ailleurs constaté que nous n'étions pas seuls à découvrir le monde en vélo, on a rencontré pas mal de voyageurs comme nous, parmi lesquels des Allemands et des Suisses, qu'on croisait de temps en temps entre le Tibet et l'Inde, et en Asie du Sud-Est.

Fête le jour du retour, à Ermua

Vous avez traversé les océans en avion ?

AG et AR : On a pris l'avion entre l'Inde et la Thaïlande, puis entre Montréal et Londres. Notre traversée du Pacifique s'est faite par la mer. Nous avons beaucoup aimé notre expérience en cargo, du Japon à Vancouver. Sur cette ligne maritime, ils n'avaient presque jamais de voyageurs. L'équipage nous a très bien accepté. On a pu constater à quel point la vie de marin est contraignante.

Votre voyage vous a-t-il procuré dès le départ de bonnes sensations ?

AG et AR : A Berlin on était déjà content de notre parcours. C'est en arrivant à Istanbul qu'on s'est dit que le Japon était peut-être un rêve réalisable. Nous avions déjà connu en chemin notre premier coup de coeur, pour la Roumanie. Peut-être est-ce du en grande partie à la qualité de l'accueil, au fait que nous étions constamment invité là-bas.

Les pays qui nous chérissons le plus sont ceux où s'entretient une culture de l'hospitalité, où nous nous sommes attachés à des visages, des personnages. On arrivait parfois à avoir une très bonne communication malgré l'impossibilité à se comprendre, comme souvent en Asie centrale. Ce fut en revanche beaucoup plus difficile en Inde malgré la pratique courante de l'anglais.

Invité par la famille Maashi à Ono, Japon

Où êtes-vous resté le plus longtemps ?

AG et AR : Nous avons voyagé trop vite au début. D'où un commencement de fatigue. Nous avons séjourné ainsi un mois et demi sur la côte turque, au climat plus doux, en partie sur un voilier à l'invitation d'un expatrié hollandais dans le port de Gocek. Nous n'avons pourtant guère été épargné ensuite par les grands froids, pas plus que nous ne l'avons été en Chine, coincés dans une tempête de neige à 4 000 mètres d'altitude.

Votre plus beau souvenir ?


AG et AR : On est d'accord tous les deux pour dire qu'il s'agit de la descente du plateau tibétain, en deux jours, où nous sommes passés de 5 000 à 600 mètres d'altitude, d'un pays aride en haut, à une jungle tropicale en bas. J'en ai pleuré de joie.

Col Tibètain près de Litang à 5050m

Vous n'êtes pas tendres avec certains lieux touristiques...

AG et AR : Il y a un moment où l'on a besoin d'échanger avec les autres voyageurs, de partager ses expériences. Mais je suis sévère sur des lieux certes très localisés comme Vang Vieng au Laos. Le contraste y est très fort entre une population pauvre, d'une douceur et gentillesse extrèmes, et ces touristes backpackers qui affluent du monde entier, la plupart anglo-saxons.

Ils se retrouvent surtout là pour la bière et l'herbe pas cher, et se contrefoutent souvent de la culture locale. Ce lieu n'est pourtant pas plus oppressant que certains endroits de Thaïlande. Et je ne parle là que de routards, c'est dire le jugement sévère qu'on peut porter sur le tourisme de masse...

Famille de bergers, leurs hôtes
au Khyrgyzstan

En trois ans et trois mois, vous avez du connaître quelques galères...

AG et AR : On s'est fait voler notre appareil photo aux Pays-Bas quelques semaines après notre départ. Sinon, nous n'avons fait aucune mauvaise rencontre, rien à signaler vraiment, à part quelques grosses intemperries... On s'est parfois fait peur en se perdant, une semaine au Kirghizisthan ou trois jours dans la Death Valley aux Etats-Unis.


Vous avez hésité à mettre le cap sur l'Amérique latine...

AG et AR : Nous aurions pu continuer encore plus longtemps notre voyage. En descendant vers le Mexique, nous commençions à recevoir par internet beaucoup d'invitations pressantes à nous rendre en Amérique latine. On s'est dit qu'une telle décision ralongerait notre voyage de deux ou trois ans.


Au Kurdistan, accueillis par la famille
de l'instituteur

On savait en effet que nous allions traverser des pays très hospitaliers, tels le Japon ou l'Amérique du Nord, où nous restions parfois deux ou trois semaines chez les gens. On commençait pourtant à éprouver une petite lassitude à ce moment-là. Nous avions envie de construire quelque chose. C'est peu de temps après, au Texas, que nous avons su qu'une troisième personne s'invitait à notre aventure, née trois mois après notre retour.


Quels sont vos projets aujourd'hui ?

AG et AR : Nous prévoyons un voyage avec Maia aujourd'hui âgée de quinze mois, en France pour commencer. Notre fille sera pleinement associée à nos projets futurs car le voyage est une merveilleuse école de la vie. Et voyager avec un enfant nous permettra sûrement de rencontrer encore plus de familles. Nous sommes de grands privilégiés d'avoir un passeport, de pouvoir voyager, il faut en profiter.

© oopartir - Propos recueillis par Vincent de Monicault



Les joies du vélo, ici au Tibet

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Le site Internet www.mundubicyclette.be a été mise à jour au fur et à mesure de leur voyage, afin de partager leur tour du monde en texte et en photo, décrivant leur périple de mois en mois, d'étape en étape.

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