Mer et croisières
Croisière : contre vents et clichés
Prix élevés, clientèle âgée, manque d'activité à bord, mal de mer, communication en anglais… la croisière véhicule encore de nombreuses idées fausses.
Oasis de la Royal Carribean
Idée reçue N°1: le secteur de la croisière se porte mal
Cela fait au contraire des années que la conjoncture est favorable aux croisiéristes. Le marché nord-américain reste de loin le plus important au monde, avec quelque huit millions de passagers par an, loin devant le marché européen. Le marché français est aujourd'hui l'un des plus dynamiques du Vieux Continent, en croissance en moyenne de 10% environ par an (615 000 croisiériste en 2015).
Le constat est le même du côté des chantiers navals. De nombreux nouveaux paquebots ont été baptisés ces dernières années, la concurrence asiatique est rude mais les Chantiers de Saint-Nazaire ont un carnet de commande rempli jusqu'en 2022. STX France va notamment construire cinq navires de croisière, trois livrés à l’armateur américain Royal Caribbean en 2021 et en 2022, et deux à l’armateur MSC Croisières en 2019 et 2020, à la suite des deux premiers navires de la classe Meraviglia déjà commandés. Le secteur reste donc dynamique, comme en témoigne également les baptêmes réguliers sur les chantiers navals de Hambourg, Meyer Werft ou Monfalcone.
Queen Mary II et Queen Elisabeth dans la baie de Sydney
Idée reçue N°2: la croisière reste élitisteLa croisière s'est aujourd'hui largement démocratisée. Elle a en effet profité de la baisse des prix du transport aérien, et des départs des côtes françaises. Des voyagistes ont pu proposer des formules tout compris à des tarifs attractifs. La taille accrue des bateaux a également permis des économies d'échelle. Les nouveaux paquebots – de véritables palais de verres et de lumières – peuvent accueillir deux à trois mille passagers.
Sur le pont du MSC Orchestra
Idée reçue N°3: on s'ennuie à bordLa plupart des gros paquebots possèdent plusieurs restaurants et piscines, des boites de nuits, des théâtres, des salles de jeux et de sports, des bars, des boutiques... Difficile de s'ennuyer à bord. De plus, les escales à terre vous permettent de découvrir les plus beaux endroits du monde sans les efforts pour s'y rendre ni les risques du voyage.
Idée reçue N°4: la clientèle est âgéeOn considérait jusqu'à une date récente ce type de vacances comme réservé à la clientèle des seniors. Or, les jeunes sont de plus en plus nombreux à bord des paquebots, notamment les familles et les couples en voyage de noce. Un chiffre ne trompe pas: l'âge moyen du passager est passé en dix ans de 60 à 45 ans aux Etats-Unis.
Idée reçue N°5: Il est difficile d'éviter une ambiance "anglo-saxone"Certains croisiéristes proposent des croisières 100% francophones tel CDF/Croisières de France (avec l'Horizon et le Zénith), les affrètements des agences Plein Cap ou TAJJ Croisières. L'italien Costa accueille près de la moitié des Français en croisière et reçoit à bord de ses paquebots une clientèle majoritairement européenne. Les géants nord-américains de la croisière n'hésitent pas non plus à rajouter ponctuellement du personnel francophone, et à offrir le programme en français.
Royal Court Theatre, Queen Elisabeth
Attention tout de même : aux Etats-Unis, l'approche de la croisière est différente. Les escales n'ont pas la même importance qu'en Europe; la priorité, c'est la vie à bord, l'animation, une restauration à toute heure, une grande décontraction. Restent que les compagnies "américaines" proposent davantage de croisières et donc un plus grand choix d'itinéraires.
Idée reçue N°6: l'heure est aux paquebots géantsIntimité, ambiance plutôt qu'animation, débarquement et embarquement rapides, contact avec la mer, absence de mouvements de foule pendant les escales, itinéraires originaux et confort raffiné: l'avenir appartient aussi aux croisières plus "intimes" à bord de navires de taille moyenne. De nombreux croisiéristes tirent sur ce créneau leur épingle du jeu, tels La compagnie du Ponant, Star Clipper ou le Club Med 2. Mais ces privilèges se payent et les prix de leurs croisières sont plus élevés.
MSC Orchestra
Idée reçue N°7: je vais avoir le mal de merLes paquebots sont tous équipés de systèmes anti-roulis. De plus, la navigation dans les Caraïbes se fait surtout sur une mer abritée. Comme tout nouvel embarqué, on peut souffrir pendant les premiers "miles" du mal de mer. Celui-ci s'estompe une fois "amariné" et il est rare de le subir plus de 24 heures. Au pire, un médecin à bord peut vous aider à y remédier.
Idée reçue N°8: la croisière est chère
Les tarifs des croisières varient fortement selon les compagnies maritimes. Certaines d'entre-elles jouent clairement la carte des prix, tels les gros opérateurs (Costa, MSC...) et d'autres de moindre taille (CDF/Croisières de France, Portuscale Cruises, Celestyal Cruises) en raison de leurs tailles et des logiques d'échelles. Les départs des côtes françaises contribuent aussi à faire baisser les prix Il existe également des différences de tarification entre la basse et la haute saison. Les passagers ont par ailleurs tout intérêt à réserver tôt. Le tarif Prima de Costa accorde ainsi jusqu'à 50% de réduction pur les réservations précoces. Les autres compagnies pratiquent aussi le "early booking".
port de Marseille
Idée reçue N°9: ll faut embarquer dans un pays étranger Faux. Costa, MSC, CDF/Croisières de France ou Portuscale Cruises proposent des croisières surtout au départ de Marseille, le premier port maritime de croisière français, ainsi que de Toulon et Nice, et sur la façade Atlantique La Rochelle, Le Havre, Cherbourg, Dunkerque, Calais...
Des navires plus petits font escale ou partent eux aussi de ports français sur certaines de leurs croisières (Le Club Med 2, La Compagnie du Ponant). A noter que le Queen Mary 2 (Cunard) effectue de temps en temps une transatlantique de Cherbourg à New York.
© oopartir - 2016 - Texte : Michel Belenet
Où partent les Français ?Aujourd'hui, 69% des Français embarquent pour une croisière en Méditerrranée, loin devant les Caraïbes et l'Europe du Nord (10 et 9%). Bien sûr, la Méditerranée et l'Europe du Nord marchent surtout l'été, les Caraïbes l'hiver. Les croisères en mer Baltique et dans le Grand Nord (avec Hurtigruten - l'Express Côtier - par exemple) remportent un succès croissant.
Avec quelle compagnie partir ?
Les deux principales compagnies de croisières en France sont Costa Croisières et MSC Croisières. Royal Caribbean a décidé de ne plus effectuer d'embarquement dans les ports français. CDF/Croisières de France propose des croisières francophones de qualité. Un nouvel entrant s'est lancé en 2014, Portuscale Cruises, avec plus ou moins de succès. Parmi les géantes "anglo-saxones", la plus importante est Carnival, suivie par Celebrity Cruises et NCL. Les compagnies positionnées sur le segment "luxe" sont Star Clipper, La Compagnie du Ponant, le Club Med 2, Silversea Cruises, Crystal et Regent Seven Seas Cruises. A signaler aussi l'Hurtigruten (Express Côtier) qui cabote le long des côtes norvégiennes.
MS Fram de la compagnie Hurtigruten dans l'Antarctique
On aimeCeux qui n'aiment guère les ambiances "club de vacances" peuvent être rassurés. Les animations et les "règles de vie" à bord sont différentes. On peut passer aussi beaucoup de temps à deux ou en famille sur le bateau et choisir les excursions en individuel pendant les escales. Ce qui n'empêche pas les multiples occasions de lier amitié avec d'autres croisiéristes.
Sur le pont du Costa Luminosa
On aime moinsImaginez la foule remplissant soudainement un petit port encore endormi quelques minutes auparavant, quand quelques centaines de croisiéristes débarquent d'un paquebot géant, voir de deux ou trois navires en même temps, comme on peut le voir parfois dans des petites îles grecques…