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Jean-Louis Etienne : "L'aventure c'est inventer sa vie"

Jean-Louis Etienne doit renoncer à la dernière de ses exceptionnelles aventures en Arctique après l'accident dont a été victime son dirigeable. Une catastrophe pour l'explorateur, lequel fut l'un des premiers à alerter sur les menaces écologiques qui pèsent sur les pôles. Interview.

Jean-Louis Etienne a d'abord été ajusteur, puis alpiniste et médecin de plusieurs expéditions dans l'Himalaya. Il fait ensuite partie de l'équipage d'Eric Tabarly avant de se lancer seul à l'assaut des étendues glaciales polaires.
Cet aventurier de 62 ans a été le premier à atteindre le Pôle Nord à ski en solitaire, de mars à mai 1986. Avec l'équipe de la Transantartica, il a par la suite effectué la première traversée intégrale sans moyens motorisés de l'Antarctique de décembre 1989 à mars 1990. Il a ensuite dérivé dans l'Arctique à bord d'une capsule.
Son dernier projet "Total Pole" vient par contre d'être annulé : son ballon dirigeable victime de vents violents en janvier dernier s'est écrasé sur une maison
. Interview d'un français "bipolaire".

Vous alertez souvent sur les menaces qui pèsent sur les pôles ?

Jean-Louis Etienne : Le volet éducatif passe essentiellement par le site internet, un véritable outil pédagogique (www.jeanlouisetienne.fr) . Je le fais en partenariat avec l'Education nationale, qui va s'occuper pour sa part de la promotion du site dans les établissements scolaires. Les niveaux de lecture sont ainsi adaptés à des cadres de cours.

Je m'inscris dans un programme d'éducation à l'environnement. Dans le nord, on note une réduction progressive de la banquise (la mission de Total Pole visait à estimer la fonte des glaces polaires en Arctique ; la mer de glace dans cette région aurait perdu un quart de sa surface depuis 2005, ndr), et dans le sud la présence du fameux trou dans la couche d'ozone. On constate aussi sur les pôles une infiltration de toxiques diverses, elles-mêmes le reflet de nos activités industrielles. Ainsi, on trouve la présence de métaux lourds dans la graisse et le sang des ours.

Vous avez dérivé dans une navette étonnante…


Jean-Louis Etienne : J'avais conçu et dessiné Polar Observer, un module conique qui ressemble à une sorte d'œuf. Il faut qu'il soit démontable pour être transporté. Ce habitacle est petit - il ne fait que 9 mètres cubes - et donc facile à chauffer. Il est aussi très isolant, afin de résister au froid. L'objectif était de le déposer au pôle nord et de le laisser dériver pendant trois mois, pendant une période de l'année qui facilite les questions de logistique. Il fait nuit au pôle nord avant le mois d'avril. Les avions refusent alors de vous déposer sur la banquise.

Polar Observer

La notion d'aventure est pourtant très présente dans vos expéditions…

Jean-Louis Etienne : La notion d'aventure est à la fois un plaisir et un moteur. Cette nouvelle expédition est l'aventure de la maturité. Il n'y a pas d'exploit sportif à la clé, pas d'engagement extrême, pas de volonté de dépassement de soi sur le plan physique. Je n'ai plus particulièrement envie de me confronter à des températures de - 45°. Avec l'âge, les forces changent. Le mental également. J'ai moins de choses à me prouver.

Votre approche de l'aventure n'est pas uniquement liée à la notion de voyages…

Jean-Louis Etienne : L'aventure c'est une façon de voyager qui laisse une certaine part à l'imprévu. Ma propre définition de l'aventure, plus large, correspond à une volonté d'inventer sa vie. On peut s'aventurer dans différents domaines dans l'existence, s'engager dans des expériences multiples. Je ne suis pas l'astronaute qui ne fait que monter dans la fusée: je cherche les financements de cette fusée, je la dessine, je la fais construire et j'en suis le pilote.

Il s'agit là d'une aventure au sens large. J'aime bien cette appréhension globale des projets. Cela me permet aussi d'apporter ma patte personnelle et d'inventer plein de choses. Par ailleurs, j'ai tout de même mis trois ans à monter mon expédition au pôle nord. Là aussi, il faut compter avec quelques traversées du désert...

Mission Banquise

Le désert suscite-il chez vous une forte attraction?

Jean-Louis Etienne : Le désert vous met en face de vous. On perd ses repères. On n'y trouve plus les moyens d'information et de locomotion traditionnels. Peu importe que ces déserts soient chauds ou froids. D'ailleurs, même l'Amazonie peut vous procurer les mêmes sensations. Ce qui compte n'est pas en soi le fait que ces lieux soient peu peuplés, c'est surtout le décalage par rapport à sa vie quotidienne.

Vous êtes toujours attiré par la montagne?

Jean-Louis Etienne : J'aime toujours autant la randonnée en montagne. L'alpinisme est aussi une formidable occasion d'entretenir sa forme physique, son endurance, sa souplesse, son équilibre, de faire preuve l'audace aussi.

Craignez-vous les conséquences du développement du tourisme dans les pôles?

Jean-Louis Etienne : Ceux qui vont là-bas deviennent les meilleurs ambassadeurs de ces régions. D'ailleurs, serait-il logique de revenir enthousiaste des pôles et de les déconseiller aux autres. Dans l'ensemble, en Antarctique, les prestataires de service sont sensibles à la fragile des écosystèmes: ils se sont imposés des règles de conduite et s'arrangent pour ne pas accueillir les voyageurs au même endroit. Bien sûr, il faut être vigilant et vivre avec cette époque de tourisme de masse. Je suis optimiste. Je pense que l'individu reviendra à des notions de voyages plus personnelles.

Vous écrivez aussi des livres, quelle est la place de cette activité dans votre vie?

Jean-Louis Etienne : Elle est de plus en plus importante. L'écriture va de pair avec la recherche du mot juste, avec une autre façon de ressentir les choses de la vie. Elle invite à aller piocher, non pas dans le monde, mais dans son monde.

© oopartir 2010 - Propos recueillis par VM ; photos Jean-Louis Etienne

 

 

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